Nous sommes post pandémie, je précise, de COVID, car nous ne sommes pas à l'abri d'en connaitre d'autres... et j'y suis.
C'est en 1997 que je découvre le Volcan Ijen à travers l'émission de Nicolas Hulot et j'y suis...
On se couche à 18h00 et réussi à dormir jusqu'au levé à 00h30.
Une heure de voiture sur une route de montagne plutôt en bonne état où nous nous faisons doubler par des scooter puis nous arrivons à l'entrée du site Pondok Bunder (2 214 m).
Je suis étonné car seulement trois voitures sur le parking et une dizaine de personne au départ.
A l'ouverture (2h du matin), nous commençons la monté sur une piste de terre de 3km assez raide (il y a eu un gros orage la veille et cela glisse un peu).
Un couple d'allemand est devant nous et cela rend la monté plus compliquée pour moi car avec leur lampe j'arrive à estimer la pente.
Ca ne dure pas longtemps car ils sont parti trop fort et se crament assez vite, nous sommes les premiers.
Nous arrivons en haut au bout d'une heure de monté et il fait toujours nuit. On sent déjà le souffre et il fait froid, environ 12 degrés.
On met nos masques et on commence la descente de 400m de dénivelé dans le cratère du volcan.
Cela commence à ressembler à de l'alpinisme. C'est un petit chemin étroit entre d'énormes blocs de roche couvert de poudre blanche et de soufre.
Pour se croiser il faut trouver un renfoncement où se mettre pour laisser la place. Les blocs sont énormes…
C'est grandiose.
À la moitié de la descente, le vent tourne et là on comprend ce qu'est le souffre. Le nuage est épais et chaud, une cinquantaine de degrés, mais surtout ça sent très fort même à travers le masque et ça brûle les yeux.
Je panique un peu, je ne suis pas sûr de l'efficacité du masque alors je m'accroupis et je me calme. La respiration n'est pas facile, il faut forcer mais à part l'odeur ça va.
Je me suis vraiment fait surprendre par la chaleur et la densité des vapeurs.
Le masque est vraiment efficace et heureusement les vents sont changeants.
Je suis surpris (notre guide aussi) de ne voir aucun porteur, durant la descente. Sur le chemin, on croise des petites cabanes où on entend des gens ronfler.
Nous mettons 45 min pour faire la descente, à peu près 400m de dénivelé.
Devant nous une installation guide les vapeurs des fumeroles du haut vers le bas pour les faire condenser dans des gros bidons en acier. Le souffre est liquide à plus 115 degrés et coule sur le sol où il se solidifie.
Tout à coup un ouvrier s'approche de ces plaques de soufre équipé d'une barre à mine et commence à casser des morceaux ceux-ci finissent dans des paniers pour être remonté en haut du cratère.
je regarde cet homme: il n'a pas de chaussures, pas de gants et surtout pas de masque. ces outils : une barre à mine pour casser les plaques de soufres, une petite Hachette pour que les morceaux rentrent dans son panier et une lampe.
Le long des tuyaux les gaz s'enflamment et par moments tout le nuage de soufre s’éclaire de bleu. Le contraste de la lampe jaune de l'ouvrier et de ces flammes est très photogénique.
Au bout d'une heure, nous commençons à être rejoints par d'autres touristes ; les vapeurs stagnent dans le cratère et nous décidons de remonter.
La pente est très raide et la difficulté est augmentée avec l'effort qu'il faut fournir pour respirer à travers le masque. C'est seulement en haut du cratère que l'on sort du nuage et que le jour se lève. Le ciel est couvert mais le décore est magique: les parois du volcan, le nuage soufré, le lac vert du cratère (qui est le plus acide de la planète avec un pH inférieur à 0,5) et le relief sculpté par les éruptions.
Vers 7h du matin nous redescendons et là, avec le jour, je me rends compte de la pente. Sur le chemin, nous croisons des porteurs avec des charrettes : ils sont 3 ou 4 pour tirer des touristes.
Je me dis que c'est honteux, que si tu peux pas monter, tu n’y vas pas.
Puis, en discutant avec les locaux, ils m'expliquent que la montée c’est 50€ à se partager entre les porteurs, ce qu’y bien moins dangereux que de porter du soufre et surtout mieux payé : le kilo de soufre leur rapporte 0.5€.
Dans un sens je comprends…
We are post pandemic, I specify, of COVID, because we are not safe from knowing others... and I am there.
It was in 1997 that I discovered the Ijen volcano through Nicolas Hulot's show and I am there...
We went to bed at 6pm and managed to sleep until we got up at 12:30am.
An hour of driving on a mountain road in good condition where we are overtaken by scooters then we arrive at the entrance of the Pondok Bunder site (2 214 m).
I am surprised because only three cars on the carpark and about ten people at the beginning.
At the opening (2am), we start the climb on a 3km dirt track quite steep (there was a big storm the day before and it's a bit slippery).
A German couple is in front of us and it makes the climb more complicated for me because with their lamp I can estimate the slope.
It doesn't last long because they started too hard and they burn out quickly, we are the first.
We arrive at the top after an hour of climbing and it is still dark. We already smell the sulphur and it's cold, about 12 degrees.
We put on our masks and start the 400m descent into the crater of the volcano.
It starts to look like mountaineering. It's a narrow path between huge boulders covered in white powder and sulphur.
To cross each other, you have to find a recess where you can stand to make room. The blocks are huge...
It is grandiose.
Halfway down, the wind changes and we understand what sulphur is. The cloud is thick and hot, about fifty degrees, but above all it smells very strong even through the mask and it burns the eyes.
I panic a bit, I'm not sure of the mask's effectiveness so I crouch down and calm down. Breathing is not easy, I have to force it but apart from the smell it's fine.
I was really surprised by the heat and the density of the fumes.
The mask is really effective and fortunately the winds are changing.
I am surprised (so is our guide) not to see any carriers during the descent. On the way, we pass small huts where we hear people snoring.
It takes us 45 minutes to make the descent, about 400m of ascent.
In front of us, an installation guides the vapours from the fumaroles from the top to the bottom to condense them in big steel drums. The sulphur is liquid at over 115 degrees and sinks to the ground where it solidifies.
Suddenly a worker approaches these sulphur plates with a crowbar and starts breaking off pieces which end up in baskets to be taken up to the top of the crater.
I look at this man: he has no shoes, no gloves and above all no mask. His tools: a crowbar to break the sulphur plates, a small hatchet so that the pieces fit into his basket and a lamp.
Along the pipes the gases ignite and at times the whole sulphur cloud lights up blue. The contrast of the worker's yellow lamp and these flames is very photogenic.
After an hour we start to be joined by other tourists; the vapours stagnate in the crater and we decide to go back up.
The slope is very steep and the difficulty is increased by the effort required to breathe through the mask. It is only at the top of the crater that we emerge from the clouds and the day breaks. The sky is overcast but the scenery is magical: the walls of the volcano, the sulphurous cloud, the green lake of the crater (which is the most acidic on the planet with a pH below 0.5) and the relief sculpted by the eruptions.
Around 7am we go back down and there, with the daylight, I realise how steep it is. On the way, we meet porters with carts: there are 3 or 4 of them to pull tourists.
I tell myself that it's a shame, that if you can't go up, you don't go.
Then, while talking to the locals, they explain to me that the climb is 50€ to be shared between the porters, which is much less dangerous than carrying sulphur and better paid: a kilo of sulphur brings them 0.5€.
In a way I understand...
Le Traitement du Soufre au Volcan Ijen : Un Processus Pénible au Cœur de la Forêt
Le volcan Ijen, situé sur l'île de Java en Indonésie, est célèbre non seulement pour son paysage spectaculaire mais aussi pour l'extraction intensive du soufre, une activité qui se déroule dans des conditions extrêmes. Dans cette région, les ouvriers suivent un cycle de travail épuisant : deux jours de labeur suivis de deux jours de repos. Ce rythme est indispensable pour leur permettre de récupérer de l'effort intense et des risques liés à cette activité.
Un Processus Traditionnel et Pénible
L'extraction du soufre au volcan Ijen est un processus qui se déroule en grande partie au cœur de la forêt avoisinante, car le bois est nécessaire pour chauffer le soufre. Ce dernier provient directement des entrailles du volcan. Les ouvriers doivent d'abord collecter le soufre brut, qui s'échappe sous forme de gaz des fissures du cratère. Ce gaz est capté et condensé pour obtenir du soufre solide, qui est ensuite transporté jusqu'au site de traitement.
Une fois le soufre brut acheminé à travers la forêt, il est chauffé jusqu'à atteindre sa température de fusion, ce qui le transforme en liquide. Ce liquide est ensuite versé dans une série de gamelles, où il est filtré progressivement. Au fur et à mesure que le soufre passe d'une gamelle à l'autre, les impuretés et les déchets se déposent au fond des récipients, laissant un soufre de plus en plus pur.
Le soufre liquide ainsi filtré est ensuite étalé sur une grande zone recouverte de carreaux, où il est laissé à refroidir et à se solidifier. Ce processus, bien que simple en apparence, est extrêmement éprouvant, tant physiquement que mentalement. La chaleur intense, les émanations toxiques et le poids des sacs de soufre solide mettent à rude épreuve les ouvriers.
Une fois solidifié, le soufre pur est brisé en morceaux et conditionné dans des sacs. Ces sacs, pesant souvent plus de 70 kilogrammes chacun, sont transportés à dos d'homme jusqu'aux camions, qui les acheminent vers les industries.
Le Soufre dans l'Industrie Indonésienne et au-delà
En Indonésie, le soufre extrait du volcan Ijen est principalement utilisé dans plusieurs industries. Le soufre est un élément clé dans la production d'acide sulfurique, un composant essentiel dans la fabrication d'engrais, ce qui alimente une grande partie du secteur agricole du pays. De plus, l'acide sulfurique est utilisé dans la raffinerie de pétrole, pour le traitement des minéraux, et dans diverses autres applications industrielles, y compris la fabrication de produits chimiques.
Outre ces utilisations, le soufre est également employé dans la vulcanisation du caoutchouc, un processus crucial pour l'industrie automobile et la fabrication de pneus. En raison de la demande mondiale croissante pour ces produits, le soufre extrait de l'Ijen trouve souvent son chemin vers des marchés internationaux, contribuant ainsi à l'économie indonésienne tout en soulevant des questions éthiques et environnementales sur les conditions de travail des ouvriers.
Une Réflexion sur les Conditions de Travail
Le processus de traitement du soufre au volcan Ijen, bien qu'efficace, reste profondément ancré dans des méthodes traditionnelles qui exposent les ouvriers à des risques considérables. L'absence d'équipements de protection modernes, combinée à la nature épuisante du travail, soulève des inquiétudes sur la santé et la sécurité des travailleurs. Ces derniers endurent des conditions extrêmes pour subvenir à leurs besoins, tandis que les fruits de leur labeur sont intégrés dans des chaînes d'approvisionnement industrielles qui bénéficient au niveau global.
Ainsi, le traitement du soufre au volcan Ijen n'est pas seulement une question de production industrielle, mais aussi un miroir des défis sociaux et économiques auxquels sont confrontées certaines des populations les plus vulnérables de l'Indonésie.
The Sulfur Processing at Mount Ijen: A Grueling Process in the Heart of the Forest
Mount Ijen, located on the island of Java in Indonesia, is renowned not only for its spectacular landscape but also for the intensive extraction of sulfur, a task carried out under extreme conditions. In this region, workers follow an exhausting work cycle: two days of labor followed by two days of rest. This rhythm is essential to allow them to recover from the intense effort and risks associated with this activity.
A Traditional and Grueling Process
The extraction of sulfur at Mount Ijen largely takes place in the surrounding forest, where wood is needed to heat the sulfur. The sulfur itself comes directly from the depths of the volcano. Workers first collect raw sulfur, which escapes as gas from the cracks in the crater. This gas is captured and condensed to obtain solid sulfur, which is then transported to the processing site.
Once the raw sulfur is brought through the forest, it is heated to reach its melting point, transforming it into liquid. This liquid is then poured into a series of containers, where it is gradually filtered. As the sulfur passes from one container to another, impurities and waste settle at the bottom, leaving increasingly pure sulfur.
The filtered liquid sulfur is then spread over a large tiled area, where it is left to cool and solidify. This process, while simple in appearance, is extremely demanding, both physically and mentally. The intense heat, toxic fumes, and the weight of solid sulfur bags take a significant toll on the workers.
Once solidified, the pure sulfur is broken into pieces and packed into bags. These bags, often weighing more than 70 kilograms each, are carried on the workers' backs to trucks that transport them to various industries.
Sulfur in Indonesian Industry and Beyond
In Indonesia, sulfur extracted from Mount Ijen is primarily used in several industries. Sulfur is a key element in the production of sulfuric acid, an essential component in the manufacturing of fertilizers, which supports a large part of the country's agricultural sector. Additionally, sulfuric acid is used in oil refining, mineral processing, and various other industrial applications, including the production of chemicals.
Beyond these uses, sulfur is also employed in the vulcanization of rubber, a crucial process for the automotive industry and tire manufacturing. Due to the growing global demand for these products, sulfur from Ijen often finds its way to international markets, contributing to the Indonesian economy while raising ethical and environmental concerns regarding the workers' conditions.
A Reflection on Working Conditions
The sulfur processing at Mount Ijen, while effective, remains deeply rooted in traditional methods that expose workers to significant risks. The lack of modern protective equipment, combined with the exhausting nature of the work, raises concerns about the health and safety of the laborers. These individuals endure extreme conditions to make a living, while the fruits of their labor are integrated into global industrial supply chains.
Thus, the sulfur processing at Mount Ijen is not only a matter of industrial production but also a reflection of the social and economic challenges faced by some of Indonesia's most vulnerable populations.
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